LES ORIGINES

 

DE LA ROUTE NAPOLEON

 

 

 

« Un jour, je me suis laissé conter par un vieux Feng Shui, que Lyon et sa région de Montagne étaient posés sur le dos d’un dragon, courant d’énergie vitale partant du Morvan, filant sur le bord des crêtes tout le long de la vallée du Rhône et venant se perdre parmi les montagnes Noires en pays de Languedoc »

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

 

 

 

 

 

 

Route nationale n°7 de Paris à Antibes et en Italie

 

Route mythique des années 50, route des vacances, route de la lumière et de l’espoir, route du plaisir de vivre, de la musique et de la liberté….. Mais encore ?

 

La RN7 n’est en fait que la résultante d’une multitude de traces, de chemins, de pistes, de sentiers, de voies qui ont fait l’histoire depuis presque l’origine de l’humanité.

 

 

L’ORIGINE

 

 

 

 Dans le passé cet itinéraire allant de Paris à Antibes…. Et l’Italie, est composé de deux grands chemins parcourus par les hommes depuis la nuit des temps :

 

s  Paris, Lyon, Aix (Marseille) qui est un trait d’union entre le Nord et le Sud.

 

s  Aix, Antibes, Menton (Italie) qui est, en direction du Levant, l’accès au Monde Méditerranéen.

 

La réunion de ces deux grandes traces historiques, ont définis au siècle dernier, une résultante : la route Nationale n°7.

 

Pour en trouver l’origine, il faut aller chercher les hommes qui ont mis en place ce cheminement qui va sur notre sol, réunir les peuples du Nord au monde du Sud Méditerranéen.

 

Pour cela il faut se rendre à travers les millénaires oubliés jusqu’aux alentours de la mer Caspienne vers 2500 à 2000 av. JC.

 

À cet endroit, qui reste encore aujourd’hui assez mal défini, se trouvait un ensemble de peuples de même civilisation, rassemblant plusieurs races et parlant, sous forme de plusieurs dialectes une langue d’origine indo-européenne.

 

Sans en connaître vraiment la raison, de cette vaste population vont se détacher deux groupes :

 

s  Le premier va se diriger vers le Nord-Est, le long de la mer Caspienne jusqu’à l’Oural et plus tard, bien plus loin vers l’Orient - on les appellera les  SCYTHES, ceux qui vont fonder essentiellement le peuple slave.

 

s  Le deuxième groupe, celui qui nous intéresse, prend la direction du Nord-Ouest vers le grand océan à travers les plaines encore glacées de l’Europe - on les appellera les CELTES.

 

Ce peuple aux cheveux longs, morcelé en plusieurs Tribus, va progresser lentement,  par vagues successives, de façon semi nomade, sur des terres soumises encore à un changement climatique profond.  

 

C’est la fin de la dernière glaciation dite de WÜRM.

 

Entre 2000 et 1800 av. JC les Celtes parcourent des territoires sauvages à la limite des grandes plaques glacières encore présentes sur tout le Nord de l’Europe.

 

Les terres se couvrent de forêts, traversées par d’immenses dépressions ensablées et lagunaires, que sont les lits des fleuves et des rivières qui ont servi et servent encore à évacuer toutes les eaux des glaciers, pour créer de nouvelles mers : la mer du Nord et la mer Baltique.

 

C’est dans le cadre de cette mutation planétaire due au réchauffement climatique que les Celtes vont croiser localement les derniers Néolithiques habitant encore par groupes dans quelques replis des montagnes.

 

En bonne intelligence, les Celtes s’accordent momentanément à ces populations autochtones, bénéficiant ainsi des dernières connaissances relatives à la maîtrise de la métallurgie naissante, indispensable dans la fabrication des outils et des armes.

 

 

 

Ainsi, ils marcheront jusqu’à ce qu’ils découvrent un monde couvert d’une forêt profonde et protectrice où coulent les rivières et les fleuves.

 

 

 

 

LA CIVILISATION DE LA TENE

 

  

 

Entre 1800 et 1500 av. JC, les Celtes peuplent l’Allemagne du sud et l’Autriche.

 

La longue course s’arrête, les nomades se fixent dans la grande forêt.

 

Le campement devient cité, faite du bois que l’on a abattu pour attacher la tribu à ces lieux protecteurs. L’eau y coule en abondance et y abondent également gibier et poissons.

 

Les sentiers forestiers établis pour l’usage, vont, sous les frondaisons, se multiplier pour rejoindre d’autres cités cousines et aller plus avant vers l’Ouest.

 

De 1500 à 1200 av. JC, ils s’étendent au Nord et au Centre de la Gaule et c’est à partir de 800 av. JC qu’un territoire sous emprise Celte va prendre forme et dont la limite, s’appuyant sur les Alpes au sud, passant par Lyon et Vienne, remonte vers la Normandie pour englober toute la Belgique et la Hollande.

 

Ce n’est pas un pays ni un état, encore moins un royaume. C’est le regroupement de tribus nomades sédentarisées, dont la structure sociale est de type aristocratique, avec des seigneurs chevaliers et une classe sacerdotale de druides qui resteront attachés à ces terres, qu’ils ont adoptées pour y développer une civilisation de forme orale, à la fois ingénieuse et originale.

 

Ce vaste territoire n’est que le creuset de notre civilisation occidentale actuelle, Amérique comprise.

 

C’est de là que vont repartir à différentes périodes certains groupes vers le Nord : l’Angleterre et l’Irlande. Et puis vers le Sud, ils vont par la Bretagne et l’Aquitaine, l’Espagne et puis l’Italie, la Grèce et la Turquie  pour coloniser de nouvelles contrées, en cherchant toujours, dans leur progression, à s’incorporer aux populations en place.

 

De 700 à 350 av. JC cette poche fondatrice Celte va connaître son âge d’or : c’est la civilisation de la TENE.

 

Les hommes, habiles charpentiers, vont y construite leurs cités, leurs ponts, leurs oppidums, tout un monde de bois, taillé dans l’immense forêt, dont il ne reste rien aujourd’hui.

 

Ils traceront aussi des routes pour relier les communautés entre elles. Ces toutes premières routes, sentes élargies et figées par l’usage, se glisseront aussi à travers la forêt et souvent à flanc de colline afin d’éviter les crues dévastatrices des fleuves.

 

 

 

Ce faisant, les déplacements y étaient difficiles pour la plupart et tout particulièrement pour les cavaliers et surtout les convois avec leurs charriots, mais qui d’un autre côté avait l’avantage de rebuter tout envahisseur venant de l’extérieur.

 

Forcément, l’intensité du passage, imposé par le commerce et les échanges se développant, vont faire que certaines parties de chemin vont s’élargir au fur et à mesure afin de créer de véritables pistes, établies sur les sols les plus sûrs.

 

À travers cet entrelacs de cheminements, commence à se dessiner cette trace fondamentale imposée par les échanges des peuples entre eux.

 

 

LE TRAIT D’UNION CELTE

 

 

 

 Le trait d’union est ce cheminement par lequel va transiter, dans une activité d’échanges multiples à la fois commerciaux et culturels (route du Sel et route de l’Ambre), à travers la TENE, les régions du Rhin et du Danube, les hommes venus du Nord ou de l’Est vers la méditerranée.

 

C’est par l’intermédiaire de la vallée du Rhône qu’ils arriveront au port de Massilia (Marseille) nouvellement créé en 650 av. JC par les Phocéens venus de Grèce.

 

C’est aux alentours de Massilia que cette route du nord va rejoindre celle qui vient d’Espagne pour aller vers l’Italie, toute petite partie de la grande voie romaine qui desservira, plus tard, sous le Haut Empire, tout le bassin de la méditerranée.

 

En ce qui nous concerne, nous allons retenir le chemin qui vient du Nord et dont le point de départ pourrait être Llyn (Londres) – avec son dieu LLUDD.

 

Petite bourgade Celte construite à l’embouchure de la Tamise, (affluent du Rhin à l’époque glaciaire) dont le chemin partant de la cité et allant vers le Sud passait par la Manche qui se traversait encore à pied aux temps des grands froids, pour se rendre à Lutetia (Paris) récupérant au passage les chemins venant de Belgique.

 

Lutetia qui correspondait à l’île de la Cité et au mont MERCRE (Montmartre) établi localement sur un socle calcaire, était resté depuis longtemps le seul passage possible vers le Sud.

 

En effet, tout le bassin fluvial avec la Seine et ses affluents étaient restés comme une zone marécageuse et chaotique régulièrement ravagée par les crues, ce qui rendait l’accès impossible aux voyageurs.

 

Lutetia encore habitée par quelques groupes venus du néolithique fut annexée petit à petit par les Parisii, tribu Celte qui sut très bien tirer parti de ce passage obligé vers le Sud.

 

Passé Lutetia c’est de suite la forêt dont Fontainebleau garde encore timidement l’impact, cette forêt que l’on ne quittera pratiquement pas jusqu’à Lug (Lyon), interceptant juste avant de rentrer dans la cité, le chemin venant de l’océan.

 

Lyon était occupé, bien avant que les Celtes n’arrivent, par un petit bourg fortifié Gaulois.

 

 

 

Les Ségusiaves, hommes aux longs cheveux blonds ou roux et aux yeux bleus, s’étaient installés sur tout un domaine desservi par tout un réseau de chemins comprenant Feurs, Lyon, Roanne.

 

 

 

Le site de Lyon est remarquable avec l’avancée de deux promontoires massifs face au levant (Fourvière et la Croix Rousse) séparés par une rivière aux courants capricieux (la Saône) qui vient se jeter dans une vaste dépression couverte de marais et de landes qui n’est autre que le lit aux multiples bras du Rhône, théâtre de crues redoutables.

 

Lug le dieu des carrefours, des voyageurs et du soleil levant est le père de la cité. Son temple imposant est construit tout en bois, et se trouve situé à l’emplacement de l’actuelle basilique de la vierge à Fourvière, dominant de sa hauteur le confluent de la Saône et du Rhône.

 

 

De suite, derrière, sur le plateau à l’Ouest se trouve le domaine de Sarra, la déesse du soleil couchant où un temple de la déesse mère des dieux a dû être construit.

 

Tout autour du grand temple du dieu, était construite une bourgade rudimentaire ou se regroupaient en désordre des maisons de bois, une agora pour discuter, des fourneaux (fabrication de bronze), une foire et quelques « temples » sortes de lieux publics aux multiples fonctions.

 

La Croix Rousse de l’autre côté de la rivière, abritait plutôt une petite bourgade industrielle, avec les pêcheurs et les nautoniers au lieu-dit Condate (Confluence). Ces deux bourgades étaient reliées par un passage, certainement par un pont en bois sur la Saône.

 

Au fil du temps, le climat devenant de plus en plus doux et le fleuve Rhône, moins agressif, va se stabiliser une île au milieu des marais : l’île de Canabae – lieu ou va s’aménager une troisième bourgade aux constructions légères et provisoires occupée par les marchandises en transit ainsi protégées de toute agression par les bras du Rhône. Ce sera le germe du futur Lyon marchand.

 

C’est ainsi que va se structurer la cité Celte de Lug, carrefour de tous les chemins venant des quatre points cardinaux.

 

La route venant du Rhin et du Danube arrive à la Croix Rousse, descend sur la Saône pour remonter sur Fourvière aux alentours du plateau de la Sarra (Trion porte de la cité) où elle va rencontrer l’Océane venant du Nord et l’Aquitaine venant de l’Ouest.

 

De ce même endroit va partir vers le Sud la route menant à la cité Phocéenne.

 

Le lit du Rhône qui descend doucement à la mer prend toute la largeur de la vallée la rendant inaccessible à tout déplacement.

 

 

 

De ce fait, au début les Celtes sont obligés de tracer ce cheminement vers le Sud, à flanc de colline, sur la rive droite du fleuve. Tracé qui paradoxalement sur l’ensemble du parcours depuis Londres, va présenter le plus de difficultés.

 

Le chemin, en effet, est très tourmenté, parfois très étroit par endroit et scabreux dans les dénivelées.

 

Vulnérable à l’érosion, toujours en perpétuel entretien réalisé par les voyageurs eux même, il est redouté des grands convois ainsi que des caravanes.

 

Arrivé aux alentours de Massilia, trois directions se présentent au voyageur : la cité Phocéenne elle-même, dont il est aux portes, ou aller à l’Est vers l’Italie ou l’Ouest vers les Pyrénées et l’Espagne

 

Il empruntera alors les chemins tracés localement autour des bourgades côtières qui mis bout à bout l’amènera dans le grand sud Méditerranéen.

 

En ces temps-là, les voyageurs quels qu’ils soient savaient que sur un long parcours, leur déplacement se comptait en semaines. Les gites d’étape n’existant pas encore, le cavalier couchait à la belle étoile ou dans quelque abris de fortune. Les grands convois ou les caravanes profitaient de quelques lieux dégagés pour installer leur campement sur le bord du chemin. Tout cela faisait que chaque voyage prenait la dimension d’une véritable aventure.

 

  

 

LE LIEN DE L’EMPIRE

 

  

 

En 50 av. JC, Jules César soumet la Gaule au droit romain. La Gaule offre alors aux conquérants son réseau de chemins et de pistes définis naturellement, comme nous l’avons vu, par l’usage et les échanges.

 

Les grandes destinations entre les cités seront conservées, mais le chemin Celte sous l’impulsion de l’Empire, va se raidir, s’infléchir et s’aménager selon les exigences de l’armée romaine.

 

La route c’est la puissance de Rome, elle est fondamentalement stratégique. Son principe est, du moins au début, de permettre aux troupes d’interventions rapides que sont les légions, d’avancer sans obstacles.

 

 

D’une largeur de 2,40 m elles sont tracées le plus possible en ligne droite et rarement dévient pour éviter les pentes des collines qu’elles abordent franchement.

 

La chaussée souvent empierrée ou dallée sert aux transports exceptionnellement rapides, à l’armée et aux postes impériales. Pour les chevaux, étant dépourvus de fers, il est aménagé de part et d’autre de la voie de larges accotements ou le sol reste à l’état naturel et c’est là aussi que va passer la circulation journalière et locale.

 

Ces accotements peuvent être beaucoup plus larges par endroits pour éloigner la lisière de la forêt de la voie, permettant ainsi de se protéger de toutes embuscades éventuelles.

 

Les voies romaines sont faites pour durer et sont construites afin qu’il y ait le moins d’entretien possible. Empierrées, dallées et même parfois maçonnées sur de grandes longueurs, elles étaient fondées sur des assises robustes. 

  

 

Elles étaient jalonnées de bornes militaires indiquant les distances en milles romains ou en lieues gauloises selon les régions et se présentaient sous la forme d’une colonne de pierre monolithique imposante (2 à 4 m de hauteur et d’un diamètre de 50 à 80 cm).

 

Sur leur partie supérieure étaient marqués en lettre capitale une inscription indiquant, l’empereur qui a fait construire la voie et la distance par rapport à leur destination.

 

 

 

Ces bornes étaient indissociables du paysage routier Gallo-Romain. Autres éléments de la route, les ponts qui permettaient le passage des cours d’eau étaient construits en pierre entre des culées naturelles, et étaient caractérisés par une grande arche en plein cintre (pour laisser passer les crues !) ainsi qu’une voie à deux pans posée dessus.

 

En complément des voies on pouvait trouver aussi des relais et des gites d’étapes que les itinéraires désignaient sous le nom de « mansiones » et qui étaient séparés entre eux par une journée de marche, soit 24 km.

 

Les voies romaines entretenues par l’armée, reliaient les villes principales, laissant place, arrivées dans le cité, à la voie publique (6 à 12 m de large) en général dallée, construite par l’état mais entretenues par les curateurs, hauts fonctionnaires de l’administration impériale.

 

Les petites bourgades, elles, s’inscrivaient dans un réseau de voies vicinales aux largeurs appropriées à leur importance, étant complétées parfois par des voies privées qui menaient aux « villae » plus ou moins grandes exploitations agricoles suivant les régions.

 

Ainsi se restructurent les routes et les cités Celtes. L’aménagement naturel des chemins ainsi que le bois des maisons et des temples vont être rapidement remplacés par la pierre souveraine qui marquera l’empire romain.

 

 

 

Lutetia se développe, elle s’étend sur la rive gauche de la Seine face au mont Mercre (devenu mont Mercure) et l’île de la Cité. Elle est devenue une petite cité gallo-romaine, vivant toujours du passage des voyageurs transitant entre le Nord et le Sud.

 

En direction du Sud, la forêt est toujours là, les routes s’incrustent dans les terres passant par un réseau désormais simplifié, directif et fiable…. Augustodunum…. (Autun) Noviodunum (Nevers)…. Les cités traversées sont plus grandes et urbanisées. Le flux des échanges se fait plus important.

 

Toutes les routes convergent vers Lugdunum……

 

Fondée en 43 av. JC, sacrée pratiquement sœur jumelle de Rome, elle devient la capitale des Gaules. Son dieu est Mercure, qui comme son prédécesseur Lug, est le dieu des voyageurs et des marchands.

 

 

 

La cité devenant impériale, elle va s’ancrer sur les fondations Celtes et étendre son centre urbain sur Fourvière avec le Forum de César, le Théâtre, l’Odéon, et le temple de Cybèle au milieu de riches résidences romaines.

 

Condate (la Croix Rousse) est réservée aux activités Gallo-Romaines avec son amphithéâtre et son autel des Gaules. Quant à l’île de Canabae qui s’est encore agrandie au fil du temps, elle a gardé sa vocation marchande avec la multiplication des entrepôts.

 

 

 

Le réchauffement climatique  se stabilise dans la douceur, le lit du Rhône se fait de moins en moins encombrant, une nouvelle route va pouvoir traverser l’île, c’est celle qui passant en Dauphiné va aller vers l’Italie.

 

Le grand carrefour Celte n’a pas changé, il est confirmé par l’empire, il comprend désormais cinq voies maitresses : voie d’Aquitaine, voie d’Océan, voie du Rhin, voie d’Arles, voie d’Italie.

 

Par la voie d’Italie, en passant par la capitale des Allobroges (Vienne) on peut rejoindre Marseille sur la rive gauche du Rhône, en se tenant encore par endroit bien éloigné du lit du fleuve.

 

Toutefois cet itinéraire va être accompagné à partir de Valencia (Valence) et passant par Arausio (Orange) d’une autre voie riveraine allant jusqu’à la mer.

 

La voie d’Arles tracée par les Celtes sur la rive droite est conservée et aménagée jusqu’à Arles…. Arelate (Arles) …Aquae Sextiae (Aix en Provence), la jonction est établie avec la route allant par Nicaea (Nice) jusqu’à Rome par les régions côtières.

 

Tout petit parcours sur la très longue voie d’importation circum-méditérranéenne établie sous le haut empire (IVème siècle) allant drainer jusqu’à l’Asie et à l’Afrique tous les produits et richesses absolument indispensables à la vie romaine.

 

Désormais un vaste système commercial international est mis en place, activé par les voies maritimes et terrestres, mettant en relation permanente, par l’intermédiaire du lien Paris, Lyon, Marseille entre le Nord de l’Europe et le grand Sud méditerranéen.

 

 

 

 

 

LA VOIE ROYALE

 

 

 

 

 

L’histoire qui suit est également très mouvementée et instable.

 

Péniblement le territoire Français prend corps  à travers les tiraillements des pouvoirs et des guerres.

 

Le superbe réseau routier de la Gaule romaine résistera et restera en place longtemps malgré les maltraitances et le cruel manque d’entretien des dix premiers siècles de notre ère.

 

Puis petit à petit le réseau se rénove, s’améliore en entretien permanent, se superposant à celui existant et se diversifiant timidement vers d’autres centres d’intérêts jusqu’au XVIIIème siècle.

 

Ce siècle marque la grande mutation des routes de France sous l’impulsion de Louis XV grand voyageur en son royaume.

 

 

 

Il nomme des ingénieurs, crée l’école des ponts et chaussées, fait cartographier pour la première fois tout le réseau routier du pays, afin de réaliser à la hauteur des échanges commerciaux en constante progression, et des progrès réalisés dans les moyens de transport, des grandes routes rayonnant à partir de Paris sur tout le territoire.

 

Ce nouveau réseau s’appuie évidemment sur les grands tracés de l’antiquité mais en les façonnant afin de leur donner un dessin plus directif, plus court et affirmant encore plus, quand cela est possible, les très longues distances en ligne droite, au bénéfice d’un gain de temps et d’un meilleur confort dans les déplacements.

 

C’est sur ce principe que fut pensé la grande route royale, sorte d’autoroute de l’époque, avec ses 19,50 m de chaussée comprenant trois voies, dont une pavée au milieu avec en plus, fossé et alignement d’arbres de chaque côté.

 

Elles avaient été prévues pour tous les grands itinéraires partant de Paris vers les grandes villes de province. Mais compte tenu du prix de tels ouvrages et que le budget du royaume était bien sollicité par ailleurs, il ne s’en ait construite finalement que très peu aux alentours de la capitale

 

.La route royale a été réduite en général à des largeurs de chaussée plus modestes de 15,60 m parfois et le plus souvent 11,70 m et 9,75 m.

 

Elles étaient toutes conçues avec fondations en pierre et revêtement en cailloutis et empierrement. Les pavés étaient réservés aux voies urbaines ou à quelques passages de routes trop humides ou encore sur les ponts.

 

Les ponts qui eux étaient construits en pierre avec des culées maçonnées, avaient à l’inverse des ponts romains, des tabliers horizontaux.

 

Enfin, c’est à partir de ces infrastructures que vont se développer les services publics de diligence avec des relais répartis tout au long de ces routes rapides.

 

Pour un voyageur au départ de Paris, une sorte de plan de route va lui être proposé lui indiquant toutes les étapes de son voyage avec toutes les conditions qui lui sont réservées durant son déplacement, ainsi que le type de voiture à laquelle il peut prétendre (messagerie, coche, carrosse, diligence).

 

Dans ce programme seront notés :

 

·        Le jour et l’heure de départ.

 

·        L’heure d’arrivée pour « la dinée » (déjeuner) suivi d’un éventuel « rafraichi » dans la journée.

 

·        L’heure d’arrivée pour « la couchée » dans la ville d’étape ainsi que l’heure de départ du lendemain.

 

·        Il connaitra aussi la distance parcourue entre les principaux arrêts de chaque journée de voyage et la distance totale.

 

·        …. Et bien sûr le prix que ça lui coûte.

 

 

Le nouveau réseau routier avec ses équipements vont favoriser l’accroissement de la vitesse et les déplacements peuvent désormais se compter en journées et le voyage en voiture n’y est plus tout à fait une aventure.

 

 C’est ainsi que les grandes routes seront alors dénommées royales jusqu’à la révolution ou elles deviendront républicaines.

 

C’est grâce à Napoléon que la grande route retrouve, le temps d’un régime, son titre d’Impériale et comme tout au début, elle servira, entre autre, aux grands déplacements de l’armée.

  

Tout le réseau routier établi au XVIIIème siècle va peu à peu se recouvrir d’asphalte et nous voilà arrivés dans nos temps modernes à la naissance d’une route qui va s’appeler Nationale et qui prendra, suivant l’ordre établi, le

 

numéro 7.

 

Son point de départ est le kilomètre zéro sur le parvis de Notre-Dame dans l’île de la Cité.

 

Ensuite elle va s’étirer jusqu’à Lyon recoupant sans doute tantôt l’ancienne trace forestière des hommes aux chevaux longs, ou encore parfois, la voie antique qui menait les légions de Rome au combat.

 

 Elle va traverser Lyon encore dite capitale des Gaules et toujours grand carrefour de l’Europe, puis se laissera glisser tout près du Rhône enfin domestiqué, jusqu’au soleil de la méditerranée, car pour tout dire, dans la 1ère moitié du XXème siècle, entre les deux grandes guerres, grâce aux congés payés, les citoyens de ce pays ont inventé les vacances….

 

Alors la route nationale 7 va voir à certaines périodes toute sorte de véhicules aux chargements hétéroclites « descendre » en longues files vers le Sud ou « remonter » de la même façon vers le Nord, un peu comme faisait il y a très longtemps, mais beaucoup plus lentement, les longs convois de chariots remplis de toutes les richesses venues de Septentrion ou de l’Orient.

 

Aujourd’hui de déviations en aménagements et autres restructurations, la nationale 7 va se fondre dans l’équipement du territoire et disparaître doucement pour rentrer dans l’histoire.

 

Dans la deuxième moitié du XXème siècle est arrivée l’autoroute favorisant les grands axes de circulation.

  

Mais l’autoroute, elle, n’aura pas d’histoire, puisque c’est un élément industrialisé et anonyme appartenant à un système fait pour abolir le temps et l’espace.

 

Le voyageur désormais n’a  plus que l’intérêt du temps qu’il met pour aller d’un lieu à un autre, totalement indifférent à l’attrait et à l’histoire des paysages qu’il va traverser. 

 

LA DERNIÈRE ÉTAPE

 

« Le Poteau à Fleurieux jusqu’à la Place de Trion à Lyon »

 

 

 

 Depuis Roanne, la RN7 traverse une jolie région de moyenne montagne jusqu’à l’Arbresle.

 

Là le voyageur qui aurait la curiosité de suivre le tracé de l’ancienne voie romaine doit quitter la nationale, rentrer dans le centre bourg et aller chercher la petite route qui grimpe jusqu’au lieu-dit  « Le Poteau », dernier col avant la grande ville.

 

 

                                                    Cadastre de 1928.

          Route Napoléon entre le Poteau et la jonction RN7 à Lentilly (hameau de James)

 

De là-haut il découvre, placée exactement dans l’axe de la route, la basilique de Fourvière, posée sur un premier horizon. Puis en second plan, si le temps est favorable, il peut apercevoir pour la première fois de son voyage, toutes les crêtes enneigées de la chaine des Alpes jusqu’au Mont Blanc.

 

 

Le voyageur est arrivé ainsi à la dernière étape, située, s’il veut continuer son parcours à pieds, à une journée de marche de Lyon.

 

 

 

Pour le cavalier Celte, arrivant à ce même endroit il y a plus de deux mille ans, il arrêtait net sa monture dans sa course et découvrait tout au fond, dans la trouée de la forêt, à la place exacte de la basilique de la vierge, la masse imposante du temple de Lug dans l’écrin glacé des montagnes.

 

Quant aux marchands de la Gaule Romaine, aux environs de l’an I de notre ère, ils savaient, arrivés là, qu’ils n’étaient plus qu’à quelques lieues de la ville impériale.

 

Ils pouvaient voir alors la cité, dans un horizon proche grâce à la présence du Forum de César d’un côté, du temple de Cybèle de l’autre et certainement, dans l’axe de la voie, les oriflammes, supports de velum du grand théâtre.

 

Dans le lointain, vers le levant, se détachait la grande barrière enneigée des Alpes qui les séparait de Rome.

 

« Le Poteau » c’est l’entrée vers la ville souveraine, Trion en est la porte.

 

Aujourd’hui « Le Poteau » est un petit hameau animé de quelques maisons parmi lesquelles se trouvent encore un ou deux relais du XVIIIème. Les équipages d’antan venaient prendre du repos avant l’étape importante du lendemain.

 

C’est à partir de là que notre voyageur s’étant aventuré en dehors de la RN7 à l’Arbresle, va continuer son parcours sur la route historique, trace de l’ancienne voie romaine jusqu’à Lentilly.

 


 

Il s’engage alors sur une longue descente en ligne droite, deux virages irréductibles se glissent sous le viaduc du chemin de fer, puis le passage dans le vallon sur le ruisseau du Buvet par un pont, (XVIIIème siècle) et le raidillon en montée qui le ramène sur la Nationale au lieu-dit James à Lentilly

 

 

             Après le pont du Buvet

             Arrivée sur la nationale 7


 

Ce petit bout de route, chemin vicinal ordinaire aujourd’hui, n’est que la trace du grand chemin Celte et de la voie romaine ayant servi longtemps de support à la route royale puis impériale sous Napoléon pour finir républicaine jusqu’à l’avènement de la nationale n°7 qui change alors d’itinéraire pour passer de l’autre côté du village de Fleurieux

 

Ce petit bout de route reste donc le témoin de 3000 ans d’histoire….. 

Ce petit bout de route qui dès l’origine, fait partie de la dernière étape, allant du Poteau jusqu’à Lyon ; chemin venant de la montagne, il va s’arrêter tout net au bord de la falaise où a été construit le cœur antique de la ville, socle puissant qui fit barrage à la poussée du glacier venu des Alpes.

 

Enfin, ce petit bout de route, traverse tout un monde sacré au magnétisme particulier qui marquera la destinée de Lyon, ville chrétienne et refuge de tous les cultes venus d’orient.

 

Territoire voué aux dieux, qui s’étend dans les Monts du Lyonnais à partir des Terres d’Yzeron, pays des vastes champs mégalithiques, jusqu’au crêt de Mercruy, plus au Nord, où un petit temple Celte dédié à Lug, domine le grand chemin des échanges et des voyageurs allant du Poteau à la cité.

 

Ce lieu sacré, sera remplacé plus tard par un fanum gallo-romain consacré à Mercure (Mercruy).

 

En ces temps-là, tous les voyageurs qu’ils soient marchands ou autres savaient aussi que la dernière étape allait se faire sous la protection des dieux.

 

Ce brin de route, toujours posé dans la campagne, fut appelé par les gens du pays : Napoléon, en reconnaissance peut-être pour ce maître de la guerre qui fit trembler toute l’Europe mais qui a été surtout un amoureux inconditionnel de Lyon et de sa région.

 

 

Et « Le Poteau » alors ? Pourquoi ce nom « Le Poteau » ?

 

Je pourrais dire pour conclure que personne n’en sait vraiment rien, mais il est facile d’imaginer que l’empire de Rome dans sa chute ait oublié en ce lieu, une grande borne militaire qui aurait pu subsister au bord de la route royale pendant longtemps et qu’une fois disparu, ayant marqué la mémoire des gens, est restée comme un point de repère à donner au voyageur égaré.

 

 Le petit village de Fleurieux a donc la particularité de voir passer sur son territoire trois routes liées au même itinéraire, venant de Paris, allant à Antibes puis en Italie……….

 

s  Le CVO puis RD160 : La route Napoléon, route historique, celle de la légende qui nous vient du fin fond des temps de la grande HISTOIRE.

 

s  RN7 : la route nationale 7,  route mythique, celle qui a porté toutes les espérances d’une époque, espace fugitif d’un rêve qui s’endort aujourd’hui doucement dans l’HISTOIRE

 

s  Liaison A89 – A6 – A7 : la route d’aujourd’hui et de demain, celle qui nous emmène tous les jours à grande vitesse et ce de façon irrémédiable vers un avenir dont l’histoire, aujourd’hui, nous parait quelque peu informelle……

 

   

« ……Le futur c’est déjà demain……

 

……Et demain il y aura toujours un voyageur pour accomplir ce trajet toujours immuable de Paris à Antibes…  et puis peut-être en Italie.

 

Il voyagera réduit à un point furtif sur la trajectoire de son GPS, de plus en plus vite vers sa destination sans songer vraiment au lieu et à l’environnement qu’il traversera….. »

 

  

….en route, pour une fois encore, vers un nouveau changement climatique……

 

  

Pièces annexes


 

Voie romaine découverte suite à l’éboulement provoqué par de fortes pluies au pont Buvet (coupe)